Préproduction

Chez J2S

Sur l’héritage du Print dans le Web, le préambule

Depuis plusieurs années déjà, on observe le territoire des marques, et leur communication, se diriger de plus en plus vers le numérique, le****cross-média, l’omnicanal, des visions à 360°, et s’éloigner de la communication dite “traditionnelle”, imprimée sur papier.

Cette transformation culturelle a fortement modifié le paysage des acteurs de la communication et de l’édition, les poussant à investir massivement dans le digital. Mais l’héritage du Print est loin d’avoir disparu pour autant, et serait même de plus en plus mis à contribution dans le Web.

Je vous propose quelques pistes de réflexion sur les liens réunissant ces deux univers.

Avant tout, un peu d’Histoire

De son côté, le Print remonte à l’an de grâce 1455, avec la révolution de l’imprimerie par un certain Johannes Gensfleisch, plus connu sous le nom de Gutenberg. Toutes les règles de typographie (macro et micro), les notions de mises en pages, et autres dogmes liées au monde du Print ont donc eu plus de 560 années pour être étudiées, améliorées par des scientifiques, des artistes et autres techniciens des arts graphiques à travers le monde.

Le Web, et par extensions les technologies lui étant reliées, est né en 1989, puis diffusé librement en 1993. Le World Wide Web a donc un peu plus de vingt ans… le bel âge. Mais le petit a bien grandi, en osmose avec les terminaux de consultations, toujours plus nombreux (pc, tablette, smartphone, télévision, montre connectée, voiture, réfrigérateur…).

De ce fait, fini les sites statiques (graphiquement parlant), prévus avec une largeur de 900 ou 1200 pixels, car “la plupart des écrans sont de cette taille-là”. Maintenant on parle de sites dédiés, en responsive design ou d’applications natives. Bienvenue dans le Web 2.0 (déjà obsolète en fait, on parle de Web 3.0 maintenant).

Mais revenons au propos de base. Dans l’effervescente dynamique du Web, je viens vous parler de l’héritage du Print. Pourtant, nos écrans sont de toutes les tailles, avec des résolutions variables, ça n’a vraiment rien à voir avec un format papier standard comme le A4, en quoi le Print pourrait-il influencer le Web dans ces conditions ?

La chaîne graphique du Print

La « chaîne graphique » est un concept éprouvé (bien qu’ayant suivi l’évolution des technologies) depuis des décennies. Légèrement différentes selon les équipes travaillant dessus, elle peut globalement être découpé en 3 étapes :

  1. d’abord une étape de conception,
  2. puis de maquettage, qui aboutit, avec le BAT (bon à tirer), à l’impression,
  3. puis la publication et la diffusion.

La chaîne de production du Web

Relativement récente, la chaîne de production Web en est encore à ses balbutiements. Les méthodologies d’exploitation sont éprouvées, s’adaptent aux évolutions technologiques constantes, et sont progressivement améliorées au fil des ans (méthode Agile, Lean, Design thinking, etc. pour les concepts; amélioration progressive ou dégradation élégante, mobile first, etc. pour la réalisation).

Cela dit, dans les grandes lignes, les étapes du Print se retrouvent dans le Web, à quelques différences près :

  • La compétence fondamentale dans le web est le développement informatique, et non le graphisme,
  • L’interactivité permise par les sites (ou applications) web est inexistante dans le Print (du moins dans sa version traditionnelle, les papiers “augmentés”, “connectés” ou “interactifs” devant encore se répandre et trouver une place au soleil),
  • On parlera plutôt d’« exploitation » que de « diffusion » : les internautes viennent sur le site exploiter son contenu, ce n’est plus l’éditeur qui diffuse un contenu physique rigoureusement identique pour tous ses prospects,
  • Publication et impression (impression dans le web = affichage à l’écran) interviennent dans un ordre inverse du Print : on publie puis les internautes viennent imprimer le contenu quand ils se connectent,
  • Les impressions sont imprévisibles : chaque utilisateur dispose de son propre support matériel, avec ses propres caractéristiques techniques (palette de couleurs, polices, format, résolution, etc.).

Cette dernière différence est fondamentale : il est impossible de contrôler l’exactitude des couleurs, le rendu des typos, la taille du support, etc.

Pourquoi ? Est-ce un bug, une technologie encore immature, un oubli ?

Non. C’est ainsi que le Web a été conçu. Et c’est précisément ce qui fait sa force, notamment sa puissance de diffusion : il passe partout. Le Web se veut consultable sur tous les terminaux, que ceux-ci soient graphiques, textuels, vocaux ou autre… et même sur les supports qui n’ont pas encore été inventés !

Bon, et avec toutes ces différences, comment le Print pourrait-il avoir une influence sur le Web ? Nous parcourrons les différentes notions liées à la typographie et la mise en page dans les articles à venir : la grille de mise en page, la ligne de base, la longueur de la ligne, césures, veuves et orphélines, etc.

Sources :

Auteur :

Thomas Derweduwen

 

(Article Chez J2S du 10/5/2016)